L'innovation comme un gant

Parlons Pro - Mars 2017

Ne leur parlez pas de« bleu de travail». À tout juste 25 et 26 ans, Vianney et Jean Copleutre n'ont qu'une ambition: redonner au vêtement de travail ses lettres de noblesse en permettant aux artisans du bâtiment de s'équiper en produits de qualité, grâce à une sélection exigeante et tendance, disponible exclusivement sur Internet.

Leur entreprise n'a qu'une petite année L’existence mais le duo formé par Vianney et Jean Copleutre, à la tête de Kraft Workwear, a déjà une belle collection de succès à son actif, et tout autant de projets! Issus d'une longue lignée d'artisans du bois, les deux frères sont pour ainsi dire nés dans les copeaux ... Titulaire d'un CAP de menuisier, formé durant cinq ans auprès des Compagnons. Jean s'inscrit pleinement dans cet héritage familial, tandis que Vianney a récemment complété son diplôme d'ingénieur d'un mastère HEC Entrepreneur.

Renouveler l'expérience client

Une même appétence pour les métiers de la main et des profils complémentaires, voilà ce qui fait la force du tandem qui a pris son temps - deux ans exactement - de l'ébauche du projet au lancement de son site e-commerce en juillet 2016. Son concept? « Vendre exclusivement sur Internet des produits conventionnels - vêtements de travail accessoires -, alliant fonctionnalité, fiabilité et confort d'usage. » Sa botte secrète ? « Tout miser sur la qualité, la modernité et l'expérience client en adaptant les codes de la vente en ligne pour les particuliers à notre site B to B. »

Avec, pour le client, la promesse de joindre l'utile à l'agréable.

« Nous voulons que notre artisan soit bien dans ses vêtements, qu'il puisse les porter le soir, le week-end. Qu’il se sente beau!», confie Jean. « Le vêtement de travail a beaucoup évolué, renchérit Vianney. Au même titre que les outils ou le véhicule utilitaire, il contribue à l'image de l'artisan, il crée la confiance. » En s'attaquant à ce marché « abimé et très concurrentiel», le duo n'a pas choisi la facilité : « On a convaincu l'utilisateur qu'il ne fallait pas mettre cher dans un vêtement de travail. » Raison de plus pour adopter un positionnement haut de gamme novateur et plonger le client dans un univers de marque aux antipodes des codes traditionnels du secteur.

Photo de Jean et Vianney Copleutre, fondateurs de Kraft Workwear

S'entourer pour se lancer

La tête sur les épaules, les jeunes entrepreneurs ont su activer les bons leviers pour se lancer : validation du projet avec la Maison de la création et de la transmission d'entreprises d'Angers, prêt d'honneur d'Initiative Anjou (10 000 €), parrainage et prêt d'honneur (30 000 €) du Réseau Entreprendre Maine-et-Loire ... C'est donc solidement entourés - et prêts à investir 5 000 € chacun de fonds propres dans la création de leur SAS -qu'ils ont sollicité leur banque pour un emprunt de 50 000 € destiné à constituer leur stock.

« Nous nous sommes naturellement tournés vers le Crédit Mutuel qui nous accompagne depuis 5 ans. Nous entretenons une relation très humaine, très sincère avec notre conseiller de l'agence AngersRuche Angevine», confient-ils. Convaincus par l'expérience concluante sur la première entreprise - « 12 000 transactions sans aucun problème » -, les frères Copleutre ont en outre choisi la solution de paiement en ligne Monetico Paiement, « particulière-ment bien interfacée » avec leur CMS** e-commerce et leurs comptes professionnels. Basée sur la confiance, cette relation privilégiée avec la banque a pris récemment une tournure originale: «À mi-chemin entre une entreprise traditionnelle et une start-up, nous avons été sollicités pour intervenir auprès de chargés de clientèle professionnels, évoquer notre expérience, notre ressenti vis-à-vis du système bancaire classique, et témoigner sur la façon dont les banques peuvent répondre aux nouveaux besoins de financement de structures atypiques comme la nôtre.»

Première levée de fonds

Pensée dès sa création pour le capital-risque, Kraft Workwear s'apprête déjà à effectuer une première levée de fonds ( entre 150 000 € et 400 000 €) afin de décliner sans tarder la marque à d'autres professions artisanales - les métiers de bouche - ainsi qu'aux femmes de l'artisanat, et de recruter trois salariés. Vianney et Jean espèrent compléter cette ouverture de capital avec un nouvel emprunt bancaire. « Le marché nous impose d'aller vite. Dans 5 ans, nous voulons être présents au niveau européen. » Les deux frères sont loin d'être les seuls à croire en eux. En fin d'année, ils ont en effet remporté le Grand Prix 2016 des Espoirs de !'Économie, organisé par la CCI du Maine-et-Loire.